BEYA GILLE GACHA

BIOGRAPHIE

Beya Gille Gacha est une artiste née en 1990 à Paris, d’une mère Camerounaise et d’un père Français. Après un lycée d’arts appliqués et des études d’Histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre, elle décide de suivre une carrière artistique et développe une pratique autodidacte de l’art contemporain. En 2016, elle monte le collectif DES GOSSES avec Neals Niat et Rakajoo afin de questionner le manque de représentation des afro-européens dans le paysage artistique français. A ce jour, ses œuvres ont été exposées notamment à la Galleria Nazionale de Rome sous la curation de Simon Njami, au Grand Palais à Paris aux côtés de Barthélémy Toguo, au Musée du Quai Branly à Paris, au Musée National du Cameroun, à la Biennale de Dakar, au MAIF Social Club sous la curation de COAL, ou encore à Untitled Miami avec la Galerie Keijsers Koning. Elle fait partie des collections de la WorldBank et du Smithsonian Museum of African Art à Washington, du Fenix Museum à Rotterdam, du Bunker Art Space en Floride, et de plusieurs collections privées telles que la Collection Leridon et la Collection Imago Mundi de Lucian Bennetton. En 2023, elle réalise son premier solo show en scène nationale au Tropiques Atrium à Fort de France, curaté par Salimata Diop. En 2024, elle participera notamment à la Biennale de Dakar au sein du Curator Choice titré « On s’arrêtera quand la terre rugira », à la Biennale Beelden Op de Berg à Wageningen, Netherlands, titrée « Decolonize Botany », et à l’exposition « Mémoires, Genève dans le monde colonial » au Musée d’Ethnographie de Genève.

DEMARCHE

Beya Gille Gacha s’adonne principalement à la sculpture anthropomorphe, ses œuvres étant reconnaissables par l’utilisation de la perle de verre afin d’en tisser la peau. Sa technique est une réinvention personnelle de l’art du perlage Bamiléké (ethnie dont elle est issue par sa mère). Pour elle, perler des êtres humains lui sert à valoriser l’individu et à rendre aux corps leur préciosité fondamentale. Pour réaliser ses sculptures, elle pratique le moulage. Cette technique est pour elle un acte politique en tant que tel car l’histoire du moulage ne tient pas qu’à la médecine : sur les corps féminins et les corps racisés, il est une histoire de violence, d’appropriation et de chosification. Elle développe donc une posture inverse, tendant vers le domaine du soin. Les individus qu’elles moulent ont pouvoir de décision sur ce qui sera fait de leurs corps. Leurs sculptures sont intrinsèquement liées à leur être profond, tout en représentant des archétypes modernes et en abordant des questionnements plus larges. La pratique de Beya Gille Gacha évolue au gré des symboles qu’elle donne aux matières qu’elle utilise. La cire par exemple lui permet d’incruster les perles pour évoquer la peau ; en étudiant et testant différents types et associations de cette matière. elle fait de ses découvertes tantôt la chair, tantôt les os de ces sculptures anthropomorphes. Ses sculptures sont associées à des éléments eux aussi définis selon un langage qui lui est propre : de l’utilisation de la couleur aux objets divers, tout a un sens dans le travail de Beya Gille Gacha, ou plutôt plusieurs sens. Il y a la lecture globale des mises en scène qu’elle réalise avec ses œuvres, et les différents niveaux de lecture qui impliquent les objets associés, ou les vivants associés. En effet, Beya Gille Gacha inclue parfois des végétaux, des minéraux et d’autres éléments naturels dans son travail Dans une exploration écologique, elle réalise des œuvres qui emploient des matériaux organiques, de secondes mains et des biomatériaux, ces derniers représentant un grand pan de sa recherche. Elle inclue également des objets détournés, et l’association des différentes logiques qu’elle établit se dessine tant dans son travail de sculpture que dans son travail d’installation, qui représente surement sa 2e pratique la plus vaste. La vidéo est également un médium qu’elle utilise pour créer des métaphores visuelles ou des réflexions personnelles, souvent associées à son écriture en voix OFF. En 2020, Beya Gille Gacha commence également une peinture « médicinale ». Elle réalise en fait des peintures abstraites dont les pigments sont des plantes et des épices choisies pour leur propriétés curatives plutôt que pour leur couleur. Réalisées exclusivement sur du papier fait-main, ces peintures représentent comme le pendant intuitif et spontané de sa pratique longue et minutieuse de la sculpture. A la fois réaliste, symbolique et conceptuel, le travail de Beya Gille Gacha se veut accessible à tous, sans pour autant perdre la profondeur intellectuelle dont ne peut se départir cette membre de MENSA. Elle défend un art contemporain faisant écho aux arts encore vivants qui font partis du quotidien de nombre cultures du monde. Ainsi, une œuvre pour elle peut être tout autant un objet d’art qu’un objet votif, qu’un objet transitionnel, qu’un objet magique. Beya Gille Gacha se définit comme une artiste du lien. Sa pratique vise à définir des formes par lesquelles chacun peut retrouver un soi, tout en abordant des sujets qui touchent le plus grand nombre. Elle entrevoit ainsi ses créations comme des passerelles qui sondent différents sensibles, dans une quête poétique d’illustrer là où les arborescences se rejoignent, là où se cache l’essence .